L'arc narratif des personnages
Il s’agit d’une notion primordiale. Un personnage, quel qu’il soit, en particulier le protagoniste principal, évolue. L’histoire qu’il vit devant nous doit le transformer, il est tenu d’en récolter quelque chose ; sinon, le récit se résume à une anecdote vécue par un pantin. C’est ce que l’on appelle l’arc narratif des personnages.
Faites en sorte que le personnage principal apprenne quelque chose. Gardez toujours à l’esprit qu’il ne peut pas être tout à fait le même à la fin de l’histoire qu’au début… et même entre le début et la fin de chaque scène.
En ce sens, tout récit est initiatique puisqu’il y a renaissance (par la prise de conscience, le dépassement, etc.).
Intrigue et personnages sont inextricablement liés. Le personnage n’est pas une marionnette que les événements ballotteraient à loisir et qui resterait un bloc, quelles que soient les circonstances. Il se transforme au fil du récit, c’est mécaniquement obligatoire.
Le protagoniste doit toujours apprendre quelque chose sur lui-même. Un bon scénario doit placer le personnage en difficulté. Cette épreuve est douloureuse et débouche sur une révélation : le personnage principal évolue et s’en sort fortifié. Dans Casablanca, Rick (Humphrey Bogart) retrouve un idéalisme, un sens du sacrifice et une capacité à s’impliquer dans les problèmes du monde. N’hésitez jamais à placer vos personnages dans des situations difficiles et douloureuses: c’est ce que le public aime (et vous aussi!).
L’enjeu du conflit dramatiquement est important, mais le public sera toujours plus intéressé par ce qui se passe à l’intérieur du personnage et par son évolution.
Lorsqu’un personnage échoue, on ne ressent pas de l’amertume parce qu’il s’éloigne de son but affiché, mais parce qu’il vit une déception personnelle et on attend la manière dont il va rebondir, s’adapter, c’est-à-dire se transformer. Cette réaction est tout à fait normale : on a rarement eu l’occasion dans notre existence d’essayer de sauver le monde, de libérer la galaxie, de défaire un dictateur ou de braquer un casino, mais on a tous été en difficulté avec ses parents, on a tous perdu un amour, on a tous échoué à un examen. On s’est donc tous senti diminué à un moment ou un autre ; on s’est nous aussi éloigné de notre but, avec l’obligation de réagir après ces échecs. On connaît ces sentiments et de fait on peut partager ceux du protagoniste.
Généralement, vous gagnerez à ce que l’arc transformationnel amène le personnage à l’obligation de sortir définitivement de sa zone de confort en opérant à un choix draconien. C’est là qu’un récit prend une vraie dimension.
Cette décision, cette transformation radicale doit être placée dans le troisième acte car il est nécessaire que le personnage ait vécu des épreuves et tribulations et souffert des erreurs commises au cours de son voyage. La métamorphose permet de clore magnifiquement le récit et d’apporter satisfaction au spectateur/lecteur.
Pour tout type de récit, posez-vous ces 4 questions:
- Quel est le statut du personnage au début du récit ?
- Quel incident déclencheur ciblé vient perturber son monde confortable ?
- Pendant ses pérégrinations, quelles sont ses réactions et comment gère-t-il les divers événements et obstacles ?
- Au final, qui est-il devenu ? Est-il meilleur ? Pareil ? Pire ?